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Jacques Mahé de La Villeglé, dit Villeglé, a dans son patronyme la racine de l'urbanité qui caractérise l'homme et l'œuvre. Né en 1926 à Quimper, il fait des études à l'école des beaux-arts de Rennes où il rencontre Raymond Hains en 1945. Durant l'été 1947, à Saint-Malo, il commence à collecter des objets trouvés tels fils d'acier, débris du mur de l'Atlantique, échantillons de catalogues. En décembre 1949, il s'installe à Paris et décide de limiter ses collectes aux seules affiches lacérées par des mains anonymes, donnant comme titre à ses appropriations le nom du lieu où le rapt est commis (1). Il fait partie de ces artistes qui, à l'initiative de Pierre Restany, fondent le 26 octobre 1960 le groupe des Nouveaux Réalistes. Groupe au sein duquel R. Hains, François Dufrêne et Villeglé représentent les Affichistes (2). Depuis les années 1960, et jusqu'à ce jour, une impressionnante bibliographie accompagne l'oeuvre de Villeglé désigné tour à tour comme révolutionnaire du regard, promeneur, artiste collectionneur, ravisseur, chapardeur ou lacérateur/littérateur (3). A cette dernière épithète, nous ajouterions volontiers homme de lettres afin de ne pas perdre de vue son intérêt pour le Lettrisme et la poésie sonore, pour insister sur la formidable érudition présente dans ses propres écrits4 et sur l'invention de son Alphabet socio-politique (5). Mais la simple chronologie ne suffit pas pour comprendre et circonscrire une telle démarche. En opérant des allers-retours permanents entre les oeuvres de Villeglé, en bousculant les dates, de nouvelles analogies surgissent, tels les strates et les croisements révélés par chacun de ses rapts. Rien d'étonnant pour un artiste disant de « la Bretagne (qu'elle) est une région d'inter-signes »(6). Cela oblige tout observateur de son oeuvre à une gymnastique de l'esprit constituée de rapprochements subjectifs, faisant de chacun d'eux un Lacéré Anonyme élargissant encore la déchirure. Car il y a de l'entourloupe facétieuse chez Villeglé, comme dans l'exposition de Rennes, en 1985, intitulée Le Retour de l'Hourloupe (7), selon les assonances que Jean Dubuffet associait à ce mot. Entourloupe, raccourci d'entourloupette, n'apparaissant qu'en 1947, l'année décisive pour les collectes d'objets. Entourloupe, par exemple, avec l'affiche Rue du Départ, datée du 12 juillet 1968, sur laquelle nul signe n'indique la rue, et Gaité-Montparnasse, de mai 1987, sur laquelle on lit très distinctement « rue du départ », titre du film de Tony Gatlif. De quoi y perdre son (quartier) latin.
Plusieurs monographies lui ont été consacrées : Bernard Lamarche-Vadel (Marval, 1990), Odile Felgine (Ides et Calendes, 2001) et Gérard Durozoi (Hazan, 2008). En 2007, les éditions Linda & Guy Pieters ont publié une importante biographie par Odile Felgine. À l'occasion de la rétrospective de Jacques Villeglé au Centre Pompidou à Paris en 2008, Sophie Duplaix commissaire de l'exposition s'est entretenu avec l'artiste.
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